« Nous sabotons ! »
Durant l’hiver 44-45, aidée par ses camarades qui la cachent, Germaine Tillion écrit « Le Verfügbar aux Enfers » : la vie dans le camp de Ravensbrück, en dialogues et chansons. Un acte de création et de résistance qui révèle la nécessité du rire comme outil de distanciation, et la puissance de la solidarité humaine.
Aujourd’hui, reprenant son texte, nous convoquons l’humour dans une mémoire tragique.
Mais la lucidité malicieuse de Germaine Tillion est intacte. Elle reste aussi indispensable que réjouissante.
A travers le jeu clownesque, c’est cette vivacité, ce regard sincère et généreux que nous tâchons de partager.
Nous sommes au cœur de l’univers concentrationnaire : la déchéance physique, les mauvais traitements, la famine, les maladies, la peur… et l’absurdité.
Pourtant, les personnages, bien que conscients de leur condition, se soutiennent, résistent, et évacuent la souffrance par le rire.
Ce n’est pas l’apanage d’une époque : au théâtre et ailleurs, l’éclat de rire nous fait sentir la présence des autres. Dans cette chaleur, il devient possible de considérer les sujets les plus graves et de faire naître, sans blessures inutiles, une joyeuse indignation.
Charlotte Costes-Debure